Article écrit par Amélie Latour
Les Mandchous sont un peuple vivant dans le nord-ouest de l'actuelle Chine.
Les Mandchous descendent du peuple Jurchen. Ils sont cités au 10 ème siècle de notre ère par des chroniqueurs chinois lorsqu'ils parlent du territoire de Balhae.
À l’inverse des Mongols, les Jurchens sont surtout sédentaires. Même s'ils partageaient une forte affinité en termes de culture avec ces derniers, ils utilisaient le terme Khan aussi comme terme pour leurs chefs, comme le faisaient les Mongols. Ainsi que leur proximité avec les chevaux lors des combats. Un événement va profondément influencer la vision du monde japonais sur les Jurchens : c'est en 1019 l’invasion de ces derniers sur le territoire japonais. Durant cet événement, un haut dignitaire ainsi que de nombreux civils japonais sont tués ou faits prisonniers. Cela va alors créer un véritable traumatisme au Japon, un traumatisme plus fort encore dû aux tentatives d’invasion du Japon plus tard par les Mongols de Kubilaï Khan. Les Japonais font alors voir les Jurchens comme des barbares assoiffés de sang. Finalement, le territoire de Balhae tombe et devient vassal des Khitans (un peuple nomadique ayant de nombreuses similarités avec les Mongols), les Khitans forment alors la dynastie Liao qui contrôla majoritairement le sud de la Chine actuelle.
Carte indiquant le territoire de l'empire Liao
Les Jurchens font alors utiliser leur position avantageuse, en effet, ces derniers se trouvent à la frontière entre la dynastie Liao et la Corée, ils font alors en profiter pour pouvoir changer d’allégeance comme bon leur semble selon leurs intérêts.
Le comportement des Khitans en territoire Jurchens va laisser un fort ressentiment de ces derniers. Ce ressentiment prendra forme complète en 1114 lorsque Wanyan Aguda va unifier les tribus Jurchens et fonder la dynastie Jin. Son successeur Wanyan Wuqimai réussit à vaincre la dynastie Liao.
Portrait de Wanyan Aguda
Carte indiquant le territoire de la dynastie Jin en bleu
Au 13ème siècle, les Mongols vassaux des Jurchens se rebellent. Dirigés par Gengis Khan (le fondateur de l'empire mongol), ils attaquent les Jurchens. Cependant, c'est Ögedei Khan, le fils de Gengis Khan, qui arrivera à soumettre les Jurchens.
Durant cette période, les Jurchens font voir beaucoup évoluer leur culture, beaucoup abandonnant leur ancien mode d’écriture pour utiliser celui des Mongols, sans compter les mariages entre Mongols et Jurchens, ce faisant de nombreux Mandchous ont des ancêtres mongols.
La dynastie Yuan (la dynastie créée par Kubilaï Khan, le petit-fils de Gengis Khan) s’effondre au 14 ème siècle et est remplacé par la dynastie Ming.
À cette époque, les tribus jurchens sont divisées, certaines sont vassales de la Corée. Ce n’est pas du goût du gouvernement Ming qui espère en faire des vassaux. Le gouvernement Ming arrive à faire plier le genou à Möngke Temür un grand chef Jurchen vassal de la Corée. Ce dernier devient vassal des Mings. L’arrivée de ce nouveau vassal aux Mings poussa de nombreuses autres tribus Jurchens à faire de même. Les soldats Jurchens devinrent membres de l’armée Ming, protégeant la région de Nurgan.
La région de Nurgan
À l’inverse, le gouvernement Ming leur accorda des privilèges. En 1449, le mongol taishi Esen envahi la Chine et captura l’empereur. Certains Jurchens avait coopéré avec le mongol, ce faisant, ils furent déchus de leurs privilèges accordés par la dynastie Ming . Cependant, cela ne signait que le début du déclin des Mings, les Jurchens devenant de plus en plus hors de contrôle pour le pouvoir central. Un siècle après, Nurhaci unifia les tribus Jurchens. Nurhaci était à l’origine un vassal des Mings, cependant, à cause des comportements des Mings qui avaient provoqué la mort de son père et de son grand-père il ressentait un ressentiment envers ces derniers. Il poussa également ces conseillers à créer un alphabet pour les Jurchens.
Exemple de lettres en alphabet Jurchens (aussi appelé alphabet Mandchou)
Il créa aussi le système des huit bannières, un système militaire pour les Jurchens (même si ce système acceptera de plus en plus de personnes non jurchens comme les Hans où une bannière fut spécialement créée pour eux)
Dessin de Nurhaci
Nurhaci finit par devenir le Sure kundulen khan (le sage et respecté Khan ) Son successeur Hong Taiji changea le nom des Jurchens pour celui de Mandchous ( pour éviter d’être pris pour des barbares et mettre sous le tapis le fait qu’ils avaient été les serviteurs des Mings ). Il proclame également la dynastie Qing.
Portrait de Hong Taiji
Les Qings eurent au début du mal à vaincre les Mings principalement dû au fait que les Mings étaient soutenus par les Portugais qui leur donnaient de nombreux canons. Hong Taiji fit alors construire des canons identiques pour son armée.
Les Mandchous reçurent aussi l’aide de tribus mongoles de Mongolie intérieur.
Carte indiquant la position de la Mongolie intérieure en Chine
Malheureusement, la mort d'Hong Taiji avant qu’il n’ait pu installer des lois de succession risquait de créer des difficultés de succession. Heureusement, un compromis fut trouvé entre les successeurs et les guerres internes des Mings les empêchèrent d’en tirer profit.
Les Qing font finalement arriver à prendre avantage du système imparfait des Mings, en effet, le système militaire des Mings était assez discriminatoire, poussant les soldats Mings à rejoindre l’armée Qing.
Finalement, en 1683, les Qing étaient les maîtres absolus de Chine.
Cette victoire rendit les Mandchous minoritaires dans leur pays (ils ne constituaient plus que 16% de l’armée Qing). De plus, il s’agissait d’un travail important pour les empereurs de garder l’équilibre entre les Hans et les Mandchous. Pour ce faire, il fut encouragé les mariages entre les hommes Hans et les femmes Mandchous (pour contrebalancer l’arrivée des nombreuses demoiselles Hans à la cour des Qings).
Les Mandchous font également agrandir énormément la Chine en récupérant la Mongolie extérieure (l’actuel Mongolie), en annexant la région de Xinjiang (en poussant les Ouïghours à se rebeller contre les Dzoungares (un peuple mongol de la région), provoquant le génocide des Dzoungares par l'armée des Qings et les Ouïghours).
Dessin montrant le génocide des Dzoungars
La dynastie Qing fait par ailleurs du Tibet un protectorat.
Les Qings laissent peu de soldats en Mandchourie (leur terre natale).
Carte de la Mandchourie avec en jaune les frontières actuels
Les empereurs de la dynastie Qing cherchent également à préserver la culture Mandchou qui commence à disparaître du fait du faible nombre de Mandchous par rapport au nombre de Han.
En 1860, la Russie conquit la partie de la Mandchourie présente sur la carte au-dessus en rouge clair, voire du rose.
De plus, la dynastie Qing n’ayant pas énormément fait évoluer son armée depuis le début de son existence, celle-ci devient très faible face aux puissances européennes qui l’écrasent aux guerres de l’opium. La Chine signant alors de nombreux traités en sa défaveur, autorisant le marché de l’Opium sur son territoire et payant de large somme à l’angleterre et à la France , en laissant les territoires d'Hong Kong à l’Angleterre et de Kouang Tchéou Wan à la France pour 100 ans (la France rendra le Kouang Tchéou Wan en 1945), et le Portugal fait reconnaître son contrôle sur Macao.
Ces défaites font faire prendre conscience aux Qings de la faiblesse de leur armée qui cherche à réorganiser leur armée, mais cela n’empêche pas que le peuple chinois ait un énorme ressentiment envers les Qings qu’ils voient comme des envahisseurs. Cette situation va conduire à la première république chinoise, mais il s'agit d'une autre histoire.
Dessins de Mandchous montrant leurs habitudes de chasse à cheval
Photo montrant une coupe de cheveux traditionnelles maculine chez les Mandchous
Tenue d'archer Mandchou
Dessin d'un archer Mandchou
Tenue de général Mandchou
Dessin d'une jeune femme Mandchou
Dessin de Manchous pratiquant la lutte
Les femmes Mandchous ne se pliaient pas les pieds comme la majorité des femmes nobles chinoises. Mais elles avaient des sortes de talons en dessous de leurs chaussures.
Chaussures de femme Mandchou
Habits Mandchou
Scène de chasse chez les Mandchous
Actuellement même si les Mandchous ont quasiment tous perdu leur langue après des siècles d'assimilation, il reste actuellement 10 millions de personnes en Chine qui se disent Mandchous et des efforts sont faits actuellement par le gouvernement chinois pour essayer de préserver la langue et la culture Mandchou même si cela reste pour l'instant faible.
Ainsi se conclut cet épisode, j'espère qu'il vous aura plu